Les reptiles, des animaux de mauvaise compagnie pour les tout-petits ?
Actualité publiée dans "Santé et enfance" le 09/01/2014
Les reptiles sont de plus en plus souvent utilisés comme des animaux de compagnie. En 2003, ils étaient plus de 1 million à vivre dans nos foyers. Porteurs de nombreuses bactéries dont la redoutée salmonelle, ces animaux constituent un danger potentiel pour les enfants en bas âge.
Des risques réels d’infections chez les moins de 5 ans
Les scientifiques estiment que plus de la moitié des reptiles comme les tortues, les serpents, les iguanes ou encore les lézards sont porteurs de salmonelles (Salmonella sp). Ces bactéries sont généralement responsables de salmonelloses voire de méningites chez les enfants de moins de 5 ans.
Dans une étude publiée le 7 janvier dernier dans le Bulletin épidémiologique hebdomadaire (BEH), l’Institut de veille sanitaire (InVS) a souhaité évaluer ce risque d’infection en France métropolitaine. Une enquête a ainsi été menée en 2012 auprès d’enfants de moins de 5 ans ayant eu une infection à Salmonella. En 2003, 3 % des foyers français possédaient un reptile en animal de compagnie.
Dans cette étude, 41 cas ont été analysés :
- 13 patients (32 %) avaient été exposés à des reptiles domestiques ;
- chez 21 patients (51 %), le mode de contamination n’a pas été retrouvé, mais il n’y avait pas d’exposition à un reptile ;
- pour 7 cas (17 %), un autre mode de contamination a été identifié (intoxication alimentaire ; transmission de personne à personne...).
En parallèle, l’InVs rappelle qu’aux États-Unis, entre 2011 et 2013, plusieurs épidémies de salmonellose humaines ont été attribuées en partie aux reptiles. Dans 74 cas, l’infection a été transmise par des tortues de compagnies. La plupart des personnes infectées étaient des enfants.
Des infections possibles même sans contact direct
Les scientifiques mettent en garde les parents puisque ces infections peuvent être transmises aux enfants sans contact direct. Selon l’étude, 1 seul des 13 enfants ayant été en contact avec des reptiles l’avait été directement.
Contenues dans le tube digestif des reptiles, les bactéries peuvent être ainsi transportées par des animaux non malades. « Après excrétion dans l’environnement, ces bactéries peuvent survivre plusieurs jours, voire plusieurs semaines si les conditions de température et d’humidité sont favorables. Il s’ensuit un risque de transmission à l’homme par voie orale », précise l’InVS.
Quelques recommandations et mesures de contrôle
Les enfants étant un public fragile et particulièrement sensible à ces bactéries, l’InVS souhaite prendre quelques mesures. En France, aucune mesure de contrôle ou de prévention n’existe sur le sujet.
L’InVS estime qu’il faut « une information du grand public et des professionnels de santé sur ce risque pour prévenir des cas d’infections potentiellement graves chez les jeunes enfants ».
En Suède, après une campagne d’information adaptée, les cas de salmonelloses transmises par des reptiles sont passés de 12 % à 6 %. Aux États-Unis, il est conseillé aux parents d’enfants de moins de 5 ans de ne pas adopter de reptiles ou d’amphibiens comme animaux de compagnie. Le « Center for Disease Control and Prevention » (CDC), équivalent américain de l’InVS, a d’ailleurs édité toute une série de recommandations à l’attention des propriétaires de reptiles.
Pour aller plus loin : l’étude de l’InVS en PDF.