Le « piège » des mères aux foyers
Actualité publiée dans "Société" le 12/07/2012
Arrêter de travailler pour être mère au foyer n'est pas toujours une chose facile. Sans carrière, l'image qu'elles ont d'elles-mêmes peut se dégrader. La mère au foyer n'est plus ce qu'elle était. Aujourd'hui, elle est souvent seule et a un faible niveau de vie.
Un niveau de vie plus faible
Une étude publiée dans un ouvrage de l'Insee le 11 juillet dernier révèle que les femmes au foyer d'aujourd'hui sont bien différentes de celles d'hier.
En effet, il faut oublier le cliché de la jeune femme d'un milieu plutôt aisé, catholique, mariée à un homme ayant un métier qui rapporte pas mal d'argent. Aujourd'hui, il s'agit plus souvent d'une femme sans emploi, élevant ses enfants sans conjoint, avec un faible niveau de vie et peu de diplômes.
Lorsque les femmes n'ont pas de conjoint elles ont tendance à quitter leur travail pour s'occuper des enfants, car elles se trouvent dans « l'impossibilité de partager les responsabilités familiales » explique Bénédicte Galtier, spécialiste de la conciliation vie familiale/vie professionnelle.
De plus, la recherche montre aussi que le coût de la garde d'un enfant « demeure probablement trop élevé ». C'est pourquoi l'étude préconise de développer davantage des modes d'accueil en général, en particulier ceux aux « horaires atypiques des parents ».
Une image de soi dégradée
En France, le congé parental, qui permet de suspendre son activité sans rompre son contrat de travail, est à 94 % pris par la mère. Sa durée est de trois ans maximum et peut être rémunéré jusqu'à 566 euros.
Cependant, selon Bénédicte Galtier, « la cessation d'activité est loin de résulter systématiquement d'un choix ». En effet, 42 % des mères devenues inactives auraient souhaité continuer à travailler.
Une autre étude, dans la revue des allocations familiales, montre que cette cessation d'activité peut-être plus ou moins bien vécut et influencera sur la reprise d'un travail.
Selon cette étude, les mères doivent « composer avec quatre normes sociales difficilement conciliables, voire concurrentes : la réalisation de soi, la disponibilité maternelle, l'harmonie familiale et l'implication professionnelle ».
En effet, la norme la plus valorisée, le travail, étant abandonné, certaines compensent par « un sur-investissement » domestique. Or, ce fonctionnement pèse sur « l'épanouissement personnel »
Une des femmes interrogées se dit « piégée » et avoue souffrir du « décalage » avec son entourage, une autre ajoute « Faire la vaisselle, c'est pas très fun ».
Au final, selon l'étude, « le congé peut être contreproductif et déboucher sur un renoncement à l'emploi ou une acceptation du déclassement social ». La ministre des Droits des Femmes, Najat Vallaud-Belkacem, admet que le congé parental « finit par constituer une trappe à inactivité » et souhaite améliorer le dispositif.