Ilya Green, illustratrice et écrivaine pour enfants
Article publié dans "Rencontres" le 18/10/2013 - Mis à jour le 21/02/2014
Depuis son premier livre « Histoire de l’œuf » publié en 2004 aux éditions Didier Jeunesse, notre rencontre de la semaine n’en finit plus d’émerveiller petits et grands. À ce jour, Ilya Green a illustré plus d’une vingtaine d’histoires.
Parfois auteure, Ilya Green s’est déjà frottée à de nombreux formats en tant qu’illustratrice : albums, livre documentaire, livres audios.
En collaboration avec Natalie Tual et Gilles Belouin, son dernier ouvrage, Le livre-CD « Bulle et Bob à l’école » est sorti le 20 août dernier aux éditions Didier Jeunesse.
Portrait d’une illustratrice jeunesse
Très colorées, les illustrations d’Ilya Green ont quelque chose d’apaisant et de rêveur qui colle parfaitement à la littérature jeunesse. Quelques-unes de ses œuvres sont visibles sur son site personnel : www.ilya-green.com.
Ilya, en quelques lignes, qui êtes vous ?
J’écris et j’illustre des livres pour enfants depuis une dizaine d’années, je fais aussi des dessins pour la presse…Je suis passionnée par le dessin depuis ma toute petite enfance, et j’ai grandi en Provence dans une maison pleine de livres, de dessins, de tableaux… mes parents étaient antiquaires. Je vis maintenant dans les Cévennes depuis quelques années, où je continue à écrire et à dessiner pour le travail, pour le plaisir, pour l’exploration et les surprises !
Qu’est-ce qui vous a amené à exercer ce métier et pourquoi la littérature jeunesse en particulier ?
J’ai des projets d’album jeunesse depuis l’âge de 19 ans environ, ça a commencé lorsque je suis devenue étudiante (des études qui m’ennuyaient affreusement…).
Mon enfance a longtemps hanté mon espace mental, donnant lieu à des petites histoires, des personnages, etc. plus je m’éloignais de mon enfance, et plus j’ai senti la nécessité de la faire exister encore sur le papier, je pense… J’ai ensuite mis quelques années à sortir mes projets du tiroir pour les proposer à un éditeur, motivé par le fait que je ne voyais pas du tout ce que je pouvais faire d’autre comme métier !
Quelles sont vos principales sources d’inspirations pour vos illustrations ?
En ce moment, mon fils de 3 ans est une bonne source d’inspiration ! Mais également d’autres enfants, parfois des photos, la nature qui m’entoure, les tissus que je collectionne, les petits bricolages que je fais pour m’amuser…
Y a-t-il des sujets ou des thématiques qui vous inspirent plus particulièrement ?
Il n’y a pas vraiment de sujet qui m’inspire plus qu’un autre, mais j’aime beaucoup qu’une histoire ait un sens profond même sous une apparence de légèreté, j’aime aussi que les interprétations soient multiples et qu’elles donnent à l’histoire la capacité de prendre racine en chacun.
De la lecture pour les tout-petits
Aujourd’hui, de plus en plus d’associations et d’organismes proposent des initiations et découvertes de la lecture pour les tout-petits, à l’image du dispositif « Premières Pages » organisé dans plusieurs départements français.
Selon vous, l’initiation à la lecture est-elle essentielle avant 3 ans ?
Je ne vois surtout aucune raison de se priver de cette activité formidable qui consiste à lire des livres à son enfant dès tout petit, même les bébés adorent ça ! Par contre, il faut vraiment être dans le plaisir de lire donc choisir des livres qu’on apprécie. C’est comme un petit spectacle de lire un livre, il faut aimer le jouer !
En quoi la découverte de la lecture dès le plus jeune âge peut-elle intervenir dans le développement de l’enfant ?
Je n’ai pas de connaissances scientifiques en ce qui concerne le développement de l’enfant, mais en tant que mère, j’ai l’impression en montrant à mon fils une grande diversité d’univers graphiques et de langages, de lui ouvrir l’esprit, tout simplement, et aussi d’enrichir sa capacité d’expression et de compréhension, pas uniquement sur le plan du vocabulaire, mais plutôt sur le plan poétique, expressif… Et puis, le livre, c’est un objet très simple et à la fois très riche, loin des sophistications technologiques (que je ne rejette pas, par ailleurs…), et qui montre à l’enfant que l’imagination n’a pas besoin de support compliqué pour nous réjouir…
Adaptez-vous systématiquement vos illustrations à votre public, ou laissez-vous l’inspiration vous guider sans aucune bride ?
Je n’adapte pas mes illustrations au public sauf en presse, ou j’ai des indications très précises de ce que je dois dessiner. Quand je lis un texte, je laisse les images venir, c’est un peu comme un film mental dont on isolerait des séquences… Je ne me pose pas beaucoup de questions, et je compose mes images comme ça, de façon très intuitive.
Utilisez-vous votre ou vos enfants comme « cobaye » pour tester vos dessins et histoires ?
Eh bien oui, les 2 derniers que j’ai faits pour des bébés, je les ai testés à l’état de crayonnés sur mon fils, ça lui a beaucoup plu, mais par contre, une fois le livre fini, ça ne l’intéresse plus du tout alors qu’il adore les livres. Je crois qu’il voit trop mes images, car je travaille à la maison et mon univers graphique est sans doute présent jusqu’à l’écœurement, pour lui ! Heureusement, on a une super collection d’albums de toutes sortes, alors on lit plein d’autres livres que les miens !
Des dessins plein la tête
Présente dans différents collectifs et maisons d’édition spécialisées telles que « La maison est en carton », Ilya Green intervient également auprès des enfants à travers des ateliers d'illustrations.
La reconnaissance des enfants cela doit être quelque chose de formidable ? Quel est le meilleur retour que vous ayez eu sur vos dessins ?
C’est sûr que c’est formidable. Que les livres plaisent aux parents aussi, c’est super, car du coup ils partagent ça avec leurs enfants. Ce qui me plait c’est que beaucoup d’enfants se reconnaissent dans mes dessins, et beaucoup de parents et grands-parents reconnaissent aussi leurs enfants ! C’est vraiment étonnant…
Pensez-vous un jour vous réorienter sur un autre format ou vers un autre public ?
J’aimerais souvent reprendre un travail plus expérimental qui n’est pas spécialement destiné à l’édition ni aux enfants, c’est une pratique du dessin que je n’ai pas développée sur le plan professionnel, mais que je poursuis parallèlement à mon travail d’illustratrice quand j’ai le temps (c’est à dire pas très souvent)… J’aimerais avoir plus de temps pour ça !
Des projets en cours ou à venir (exposition, salons, nouveau livre) ?
- « Nos beaux doudous », un beau texte de Stéphane Servant, l’album sort en septembre.
- Un nouveau « Bulle et Bob » qui font leur rentrée des classes en septembre, pour partir à l’école en chantant !
- Et « Voilà, voilà », un petit imagier pour les tout petits qui va sortir au printemps 2014, c’est un livre offert aux nouveau-nés du département de l’Hérault cette année, et qui s’adresse vraiment aux bébés.
Votre livre pour enfant préféré ?
C'est tout à fait impossible d’en choisir un au milieu de tous mes livres préférés, car il y en a des dizaines… dans des genres très différents. Mes derniers gros coups de cœur sont :
- « Les poings sur les îles » d’Élise Fontenaille, magnifiquement illustré par Violetta Lopiz, éditions du Rouergue ;
- « Mon arbre » de Sandrine Thommen, éditions Autrement ;
- « Le tigre blanc » d’Annabelle Buxton, éditions Magnani.
Et si vous voulez, je vous mets ma sélection pour les bébés, du moment…
- « Mik » d’Olivier Douzou ;
- « Tout va bien Merlin » d’Emmanuelle Houdart ;
- « Ce n’est pas mon chapeau » de Jon Klassen ;
- « Mon chat personnel et privé spécialement réservé à mon usage particulier » de Remy Charlip et Sandol Stoddard ;
- « Au pays des petits poux » de Beatrice Alemagna ;
- « Où es-tu ? » d’Anne Crausaz ;
- « Ce petit pois-là » d’Éric Battut.
Et je m’arrête là pour aujourd’hui!!
Découvrez ou redécouvrez la bibliographie d’Ilya Green sur son site www.ilya-green.com ou sur sa boutique personnelle letoutpetitmagasin.blogspot.fr.