Des probabilités mathématiques pour dépister l'obésité infantile
Actualité publiée dans "Santé et enfance" le 05/12/2012
Selon une étude internationale, il serait désormais possible, grâce à une équation, de savoir si un enfant a des risques de devenir obèse vers ses 7 ans. Pour certains médecins, cette recherche modifie dangereusement la vision de l'obésité.
Une simple équation pour prédire l'obésité
L'étude, dirigée par le professeur Philippe Froguel à l'Institut Pasteur de Lille, a d'abord été réalisée sur 4000 enfants finlandais nés en 1986. Ces derniers ont été suivis de leur naissance à leur adolescence.
Les scientifiques ont analysé les informations recensées à la naissance et se sont aperçus que ces dernières suffisaient pour prédire les risques d'obésité à l'enfance (vers 7 ans), ou à l'adolescence (vers 16 ans).
Avec les données telles que l'indice de masse corporelle des 2 parents avant la grossesse, le poids du bébé à la naissance, la profession de la mère, le tabagisme pendant la grossesse et le nombre d'enfants dans la famille, les scientifiques ont mis au point une équation permettant de connaître les risques d'obésité.
Les chercheurs ont ensuite testé leur équation sur 1 500 enfants et 1 000 enfants américains, tous nés dans les années 1980, et ont remarqué qu'en ajoutant des caractéristiques en fonction du pays, cette équation est plus efficace.
Une vision modifiée de l'obésité
Pour Patrick Tounian, chef du service de nutrition pédiatrique à l'hôpital Armand Trousseau, ces résultats pourraient modifier la vision générale faite de l'obésité, en déculpabilisant les familles.
Or, selon les scientifiques et les professionnels de santé, les facteurs génétiques ne jouent qu'un rôle mineur en ce qui concerne le pronostic de l'obésité de l'enfant, même si 5 % des obèses sévères le sont à cause de mutations génétiques ou d'anomalies chromosomiques, toutes responsables de troubles majeurs de l'appétit.
Une fois installée, l'obésité, qui concerne 10 % à 25 % des enfants européens, est très difficile à traiter, d'où l'importance de campagnes de prévention efficace, auprès des parents notamment. Il est fondamental pour les chercheurs que l'accent soit davantage mis sur la nécessité d’un bon équilibre alimentaire, et ce, dès le plus jeune âge, ainsi que de la pratique d'une activité sportive régulière.