Des livres pour enfants aveugles et malvoyants
Actualité publiée dans "Culture et média" le 25/03/2013 - Mise à jour le 27/03/2013
Parmi les maisons d’édition présentes au Salon du livre à Paris, « Les Doigts Qui Rêvent » propose des ouvrages innovants : des livres à la fois visuels et tactiles pouvant être lus et partagés par des enfants voyants et malvoyants.
Les Doigts Qui Rêvent, une mission d’aide et d’intégration
L’association est née du constat de l’absence de livres adaptés aux enfants aveugles ou malvoyants.
Au début des années 90, un instituteur, Philippe Claudet, est envoyé dans une classe d’enfants aveugles. Ne disposant d’aucun matériel pédagogique adapté à son public, Philippe Claudet fabrique manuellement un premier livre pour mal voyants « Au pays d’Amandine... dine, dine ».
Suite à cette initiative, Philippe Claudet, des parents d’enfants déficients visuels et des instituteurs spécialisés créent l’édition « Les Doigts Qui Rêvent ».
Spécialité de la maison, l’album tact-illustré est accessible à tous les enfants. Il est écrit en gros caractères et en braille. Les illustrations sont en reliefs et de différentes matières, les couleurs sont vives et contrastées. La reliure en spirale permet une ouverture bien à plat du livre, permettant d’avoir les mains libres pour toucher les pages. Enfin, l’esthétique est très valorisée pour favoriser l’intégration et également pour renvoyer une image positive du handicap.
Un marché difficile à séduire
Sans aucuns moyens ni aucune aide institutionnelle, le groupe, à la base informel, s’est décidé à se lancer dans cette mission éditoriale qui n’intéresse pas les grandes maisons d’édition qui n’y voient pas de bénéfice possible.
« C’est un marché de niche qui n’intéresse pas les éditeurs traditionnels », confie Delphine Houel, documentaliste à l’Association nationale des parents d’enfants aveugles. Il est vrai que ces livres présentent un coût élevé de fabrication. Les livres des Doigts Qui Rêvent, vendus 66 euros en moyenne, coûtent en réalité 130 euros à produire. L’association dépend donc beaucoup des subventions des collectivités locales et du Ministère de la Culture.
Philippe Claudet déplore le peu d’intérêt que suscite ce public malvoyant pour les éditeurs de littérature de jeunesse, estimant au contraire nécessaire de favoriser « l’émergence de la conscience de l’écrit » chez les enfants aveugles. Les aveugles ont une « expérience beaucoup plus limitée » qu’un enfant du même âge qui est déjà baigné dans l’écrit.