Crèche et religion : le tout nouvel Observatoire de la laïcité sollicité
Actualité publiée dans "Société" le 09/04/2013
Le chef de l’État a mis en place ce lundi un groupe de travail chargé de réfléchir aux questions de laïcité : l’Observatoire de la laïcité. Sa mission débute par le débat sur la laïcité au sein des structures d’accueil d’enfants.
Dans les cartons des différents gouvernements depuis plusieurs années, l’Observatoire national de la laïcité a finalement été créé le lundi 8 avril 2013. Sa première mission officielle : réfléchir sur l’application de la laïcité dans les établissements et structures d’accueil des jeunes enfants.
Dans les faits, cette « initiative » a été mise en place suite à l’affaire Baby Loup qui a relancé ces derniers temps le débat national sur la laïcité.
Pour rappel, l’affaire oppose depuis 2008 la crèche Baby Loup à une ancienne employée, licenciée parce qu’elle refusait d’ôter son voile islamique pendant son service. Cette affaire relance le débat de l’acceptation ou non des signes religieux ostentatoires dans une sphère non privée, comme ici celle de l’accueil d’enfants.
Un premier temps confirmé par la justice, le licenciement de l’assistante maternelle voilée a été annulé le 19 mars par la Cour de cassation, renvoyant l’affaire devant la Cour d’appel.
Vers une nouvelle loi sur l’application de la laïcité en entreprise
Dans sa première mission, l’Observatoire devra réaliser un rapport annuel sur l’état de la laïcité en France et travaillera en priorité sur une nouvelle loi autour des signes religieux dans l’entreprise.
Pour François Hollande, il s’agit « d’émettre rapidement des propositions sur ce point ».
Des élus et des intellectuels engagés sur la question
L’Observatoire de la laïcité est composé de quatorze personnes. À l’UMP, Marie-Jo Zimmermann et François-Noël Buffet, le rapporteur du projet de loi interdisant la dissimulation du visage dans l’espace public en 2010. À gauche, Jean Glavany, spécialiste de la laïcité au PS et Françoise Laborde pour le Parti Radical de Gauche (PRG), à l’origine d’une proposition de loi imposant la neutralité religieuse aux personnes gardant des enfants.
L’Observatoire compte Patrick Kessel, président du Comité Laïcité République qui plaide notamment pour l’inscription des deux premiers articles de la loi de 1905 dans la Constitution. Annie Guillemot, spécialiste de la politique de la Ville rejoint également le groupe.
À ces personnalités politiques s’ajoutent un philosophe : Abdennour Bidar, de la mission laïcité du Haut conseil à l’intégration ; les auteurs d’un rapport sur la morale laïque dans l’Éducation nationale : Alain Beargounioux et Laurence Loeffel ; une juriste : Soraya Amrani Meki et le poète guadeloupéen Daniel Maximin.
L’Observatoire ne comporte volontairement aucun représentant des cultes. Ceux-ci seront en revanche consultés ponctuellement. La présidence de l’Observatoire a été confiée à Jean-Louis Bianco.