Laura, éducatrice de jeunes enfants en formation
Article publié dans "Rencontres" le 19/04/2013 - Mis à jour le 21/02/2014
Professionnels de la petite enfance par excellence, les éducateurs de jeunes enfants ou EJE, veillent quotidiennement au bon développement social et physique des tout-petits. Afin d’en savoir plus ce métier au final peu reconnu, AlloCreche est parti à la rencontre de futurs EJE particulièrement actifs sur la toile.
Une formation par alternance à mieux connaitre
En 1re année de formation au Centre d’Études et de Recherches pour la Petite Enfance (CERPE) d’Aubervilliers dans le 93, Laura est une passionnée de la petite enfance.
Devenir EJE n’était pas pour elle une évidence. Après avoir touché un peu au commerce, Laura s’est réorientée vers les métiers de la petite enfance et plus particulièrement le métier d’EJE. Un choix qui semble être le bon à en croire la motivation et l’envie qui ressortent de son blog http://etudiante-cerpienne.blogspot.fr
Acteurs socio-éducatifs de premier plan, les éducateurs de jeunes enfants souffrent néanmoins d’un manque de reconnaissance certain. Au final, la formation d’EJE semble encore méconnue du grand public. Comment avez-vous découvert ce métier ?
Effectivement, le métier d’EJE est méconnu alors qu’il existe depuis maintenant 40 ans !
J’ai découvert le métier d’EJE par ma mère, qui est formatrice actuellement dans le social, et qui a d’abord obtenu un diplôme de technicien d’intervention sociale et familiale (TISF).
À la base, je me dirigeais plutôt vers une formation d’auxiliaire de puériculture, mais me connaissant et me voyant plus faire cette formation, ma mère m’a suggéré de regarder le métier d’EJE. Je me suis mise alors à chercher des renseignements sur le métier, les concours d’admissions et les débouchés sur internet. J’ai pesé le pour et le contre entre ces deux formations différentes, mais complémentaires. J’ai alors opté pour l’aventure EJE.
Quels seraient selon vous les points forts de votre formation ?
Cette alternance entre théories et pratiques. Pour moi, la formation permet d’apprendre, de se construire et d’évoluer en découvrant les lieux et structures différents où l’EJE est amené à exercer.
Nous apprenons énormément en formation. Nous découvrons des lieux diversifiés et variés, avec des valeurs et des pédagogies différentes, qui peuvent répondre à plusieurs objectifs selon la structure. L’éveil des enfants par exemple, en utilisant des outils variés et diversifiés tels que le jeu ou encore le livre.
Un autre point fort de cette formation, c’est qu’elle nous permet de grandir intérieurement et de forger notre vision « future » du métier. Notamment par des remises en question ou par l'observation des enfants. Cela rejoint ce que j’ai dit précédemment avec l’apprentissage théorie/pratique.
Lorsque nous rentrons en formation, nous sommes des éducateurs de jeunes enfants en devenir. Nous rentrons dans un processus d’apprentissage afin d’arriver à un but : devenir éducateurs de jeunes enfants. C’est ces points forts que je perçois dans la formation EJE.
EJE : un métier actuel en devenir
Régulièrement, la fédération nationale des éducateurs de jeunes enfants (FNEJE) organise des salons et interventions intra et interprofessionnels, témoignant d’une volonté de faire bouger, évoluer à la fois les méthodes d’éducation de la petite enfance et les mentalités liées.
Quel est, pour vous, le principal frein à l’exercice du métier d’EJE tel qu’il existe actuellement ? Certains parlent d’un manque de pouvoir ou de responsabilité des EJE.
Certains peuvent parler d’un manque de pouvoir ou de responsabilité, car c’est ce qu’ils peuvent ressentir dans leurs lieux de travail, et je comprends tout à fait. Heureusement, tous les lieux ne se ressemblent pas et certains EJE peuvent n’avoir jamais ressenti dans leurs carrières ces manques si le lieu où il/elle exerce leur donne les moyens nécessaires pour s'épanouir.
Pour moi, ce qui freine beaucoup dans le métier d’EJE c’est ce *manque de reconnaissance* avant de parler de manque de pouvoir ou de responsabilité.
Ce manque de reconnaissance touche tous les diplômes des travailleurs sociaux. Nous sommes méconnus du grand public, mais connus, en coulisse, dans nos secteurs respectifs.
Comment pouvons-nous avoir une responsabilité ou des moyens, tant que l’État ne se penche pas sur le problème de reconnaissance de notre métier, de notre diplôme, nos objectifs, nos buts ?
C’est pour cela que je décide de faire cette interview, pour qu’on sorte des coulisses et qu’on apparaisse dans la lumière face au grand public.
Quel est l’aspect qui vous attire le plus dans la profession d’EJE ?
Ce qui m’attire le plus dans ce métier est cette diversité d’action et de travail sur le terrain. Cette diversité s'exprime d'autant plus selon le lieu où l’on exerce.
On évolue avec la structure, on évolue aussi avec le projet qu’on a mis en place ou qui est déjà mis en place. Par conséquent, on évolue aussi avec les enfants qu’on accueille, car nous devons tout d’abord répondre à leurs besoins tout en les accompagnant au quotidien.
Il y a aussi la dimension d’accompagnement du jeune enfant et de sa famille. Les parents sont avant tout les premiers éducateurs des enfants. C’est aussi cette complémentarité qui me plaît, l’EJE n’est jamais amené à travailler seul.
Notre métier fait partie d’un groupe qui travaille dans l’intérêt du bien-être de l’enfant. Ce groupe est composé des parents, mais aussi de professionnels qui varient selon les structures : auxiliaires de puéricultures ; infirmières-puéricultrices ; psychologues ; pédiatres ; assistantes maternelles ; psychomotriciennes...
En résumé, nous avons plusieurs regards sur la petite enfance, une diversité enrichissante qui répond à un seul objectif : l’enfant.
Les EJE sont amenés à évoluer dans de nombreux secteurs (médico-social, sanitaire, culturel...). Quel est le secteur qui vous attire le plus et pourquoi ?
Pour l’instant, je reste attiré par le secteur sanitaire, le milieu hospitalier plus précisément. Mon passé m’a démontré qu’un EJE avait tout à fait sa place dans ce type de structure.
Après avoir vécu une hospitalisation longue en étant jeune enfant, je sais combien il est difficile de sortir de la chaîne « soin » de l’équipe médicale et de voir autre chose que sa chambre, de s’évader. À l’époque, j’y ai rencontré un EJE qui m’a beaucoup aidé, j’en ai gardé un bon souvenir.
La salle de jeux où l’EJE était m’a beaucoup aidé pendant mon hospitalisation longue et m’a donné la force de me battre face à la maladie pour pouvoir m’en sortir.
J’espère y faire un stage durant ma formation afin de voir plus précisément le rôle d’un éducateur et ce qu’il peut apporter dans une telle structure.
Dans l’esprit commun, le monde professionnel de la petite enfance reste avant tout féminin. Ressentez-vous une évolution des mentalités autour de vous ?
Effectivement, il y a énormément de femmes dans notre métier, mais j’encourage vivement les hommes qui souhaitent s’engager dans cette formation. Je ressens déjà une évolution des mentalités, petite certes, mais c’est déjà un début.
Dans notre formation, on commence à voir petit à petit des hommes s’y essayer, mais ça reste encore rare je trouve.
Je pense que les mentalités ont souvent fait barrage. Beaucoup de gens associent notre métier au fait de « s’occuper des enfants », une activité qui serait, de plus, uniquement réservée à la gent féminine. D’une part, notre métier n’est pas de nous « occuper » des enfants et d’autre part, un homme peut très bien avoir sa place auprès du jeune enfant.
L’évolution prendra du temps, mais viendra surement. À mon avis, la place de l’homme dans un tel univers n’est pas liée au seul monde professionnel de la petite enfance, elle relève aussi de la place de l’homme et de la femme auprès d’un enfant plus généralement dans la société, par exemple dans la famille.
Je pense qu’il y a énormément de facteurs qui jouent, notamment la culture, mais je crois à la place d’un homme dans une structure d’accueil. Je pense que ça peut beaucoup apporter à l’équipe et aux enfants que nous accueillons.
Pour terminer, avez-vous un conseil à donner aux personnes qui seraient intéressées par la profession ?
D’avoir une bonne résistance physique et psychologique, car pour moi elle est mise à rude épreuve pendant la formation. Et de ne pas hésiter si vous pensez que ce métier vous correspond, si c’est ça que vous voulez faire et rien d’autre. Ce n'est que du bonheur de faire un métier qu’on aime et où on se sent épanoui personnellement et professionnellement.
Pour suivre les aventures de Laura connectez-vous sur son blog ou suivez-la sur Twitter @EJECerpienne
À venir, le point de vue de Jéremy, en 3ème et dernière année de formation au CRFPE de Lille ; voir son blog sur http://ejeblog.tumblr.com