Strasbourg : les crèches parentales se sentent menacées
Actualité publiée dans "Actualité locale" le 24/04/2012
Depuis 2010, l'État souhaite appliquer une politique de rationalisation des coûts. Les seize crèches parentales de Strasbourg pourraient bien en souffrir de cette décision du gouvernement
Une tarification qui menace les crèches
À Strasbourg, on compte 16 crèches parentales qui permettent l'accueil de 220 enfants âgés de 2 mois à 4 ans. Ces crèches sont créées et gérées par des pères ou des mères de famille, dont les enfants sont inscrits dans la crèche, et financées par la Ville et la Caisse d'allocations familiales.
Chaque parent dont l'enfant est inscrit en crèche parentale s'engage à consacrer plusieurs heures par semaine à l'accueil et à l'éveil des enfants. 2 parents au minimum doivent toujours être présents ensemble. L'avantage de cette formule est le fait de s'occuper de son propre enfant en plus de ceux des autres.
Depuis 2010, une circulaire de la Caisse nationale d’allocations familiales (CNAF) appelle au « recentrage » des financements des places en crèche par la prestation de service unique (PSU).
La PSU est une « réglementation nationale pour l'accueil d'enfant de 0 à 6 ans, un forfait à l'heure que verse la CAF pour chaque enfant accueilli. Si le parent a besoin de huit heures de garde par jour, on lui paye huit heures ».
« Le problème avec cette tarification à l’heure, c’est le contrôle ! » déclare Pierre-Antoine Deetjen, président de la crèche La Flûte enchantée. Il explique « Si je signe un contrat de 10 heures par jour avec une famille et que l’enfant n’est là que 7 ou 8 heures au final, ce qui est loin d’être exceptionnel, qu’est-ce que je fais ? Je les mets dehors »
De fait, si la CAF ne paye au final à la crèche que les 7 ou 8 heures, « les comptes seront dans le rouge ». Si une famille ne « respecte » pas son engagement aujourd’hui, sur un effectif de 12 à 16 enfants, « on ne peut pas compenser avec les autres. L’équilibre est vraiment très précaire. »
Un durcissement de la CAF pour 2013 en matière de forfait à l’heure pourrait bien avoir raison de ces petites structures dans un terme de quatre à cinq ans.
En effet, « Notre seule solution sera de prendre un enfant en plus. Mais cela implique dix mètres carrés supplémentaires, et on ne peut pas pousser les murs à l’infini ». Ces petites structures ont donc la pression pour rationaliser les coûts.
« Il sera impossible pour nous par exemple de faire du Tetris : de boucher les trous avec des enfants dont on ne pourra pas impliquer les parents », déclare Emeline Lafaury, présidente de la crèche La Petite Bulle.