Les établissements Steiner-Waldorf
Fiche publiée dans "Pédagogies" le 07/06/2013
Perçus très souvent comme des instituts sectaires, les établissements Steiner-Waldorf se distinguent des autres par une pédagogie particulière, basée sur le développement de la sensorialité et la conscience de l’enfant. Il existe en France environ 23 écoles Steiner-Waldorf, jardins d’enfants, collèges ou lycées.On compte plus de 1 000 écoles Waldorf dans le monde, principalement en Europe et en Amérique du Nord.
La pédagogie Steiner-Waldorf
La pédagogie Steiner-Waldorf, du nom de son auteur Rudolf Steiner, se distingue essentiellement par le fait qu’elle s’appuie sur une conception globale du développement de l’enfant. L’enfant est considéré comme un individu en construction et tous les aspects de son développement doivent être pris en compte.
La pédagogie Steiner veut « accompagner, en lien avec les parents, l’être humain en devenir, pour qu’il soit sain et fort dans son corps, libre dans son âme et créateur dans son esprit. »
L’éducation doit donc mettre en harmonie le corps, l’esprit et l’âme en mêlant les apprentissages théoriques, la formation artistique et la formation manuelle. Toutes les activités se mettent au service du développement de la volonté et de l’esprit d’initiative.
L’apprentissage de la liberté et de la curiosité
La pédagogie ne prône pas un enseignement exhaustif et figé, mais au contraire une école de l’apprentissage : « Il ne s’agit pas de recevoir de l’école une formation achevée, mais de se préparer à la recevoir de la vie », explique Steiner.L’objectif est d’aider l’enfant à découvrir ses propres dons et capacités afin qu’il découvre librement en lui-même ce qu’il veut devenir.
La liberté est une notion essentielle de la pédagogie Steiner. Son objectif est en effet de « former des individus capables, en eux-mêmes et par eux-mêmes, de donner un sens à leur vie, des individus libres », et d’« éduquer l’enfant avec amour vers sa liberté ».
Controverse au sujet des écoles Steiner
Les écoles Steiner ont été, à plusieurs reprises, soupçonnées de sectarisme. Des inspections commandées par le ministère de l’Éducation ont démenti les accusations, mais certains continuent de penser que la pensée de Steiner penche vers l’ésotérisme et l’embrigadement sectaire.
Il est probable que ces doutes aient pour origine les écrits de Rudolf Steiner, qui laissent en effet une large place à la spiritualité dans son développement de l’anthroposophie.
Présentée comme un courant de pensée, de spiritualité, l’anthroposophie développée par Steiner mélange religion, science et philospsohie. Grossièrement, elle viserait à développer l’esprit humain pour développer une sorte de niveau de conscience supérieur.
Les établissements Steiner, bien que se basant sur les grands principes de l’anthroposophie, assurent cependant ne pas enseigner cette dernière aux enfants accueillis.
Cycles d’enseignements
Le cursus d’apprentissage Steiner se découpe en trois grandes périodes :
- Entre 0 et 7 ans : Le jardin d’enfants.Pendant cette période, l’enfant est très réceptif à son environnement. Il va chercher à imiter ce qui l’entoure, à construire et à découvrir. L’essentiel de l’enseignement est de stimuler sa sensorialité et de garantir un environnement paisible.
- Entre 7 et 14 ans : Le premier cycle (classes 1 à 8).Après 7 ans, la vie psychique se construit. La mémoire, l’imagination, la faculté de penser s’épanouissent. Le développement émotionnel et esthétique doit être stimulé par les activités artistiques.
- De 15 à 18 ans : Le deuxième cycle (classes 9 à 12).Après 14 ans, la pensée abstraite de l’élève s’est construite. L’enseignement doit favoriser la naissance progressive de l’individualité consciente et pensante, qui permettra à l’enfant de faire preuve d’un jugement libre.
Le rythme et les contenus
D’une manière générale et quel que soit le stade de l’enseignement, la pédagogie Steiner fonctionne beaucoup par l’alternance rythmée des matières et des activités.Dans les petites classes, les moments de jeux alternent avec les moments de chants et d’apprentissage du rythme, les moments de repos, de calme ou de lecture, les moments d’activités manuelles ou artistiques comme la peinture, le dessin, le bricolage, la musique ou le jardinage.
Les matières artistiques, manuelles et sportives ont autant d’importance que les matières théoriques.L’enseignement est divisé en « périodes » de plusieurs semaines, pendant lesquelles une matière spécifique est approfondie plusieurs heures par jour.
Enfin, la pédagogie Steiner encourage l’ouverture sur le monde en faisant débuter l’apprentissage des langues vivantes (au nombre de deux) dès les plus petites classes. Dès le deuxième cycle, les élèves ont la possibilité de passer un trimestre entier à l’étranger, dans le cadre de nombreux échanges avec des écoles Steiner-Waldorf à l’étranger.
Un cycle d’enseignement Steiner
Les établissements Steiner-Waldorf veillent à maintenir la continuité entre les différents cycles d’enseignements. L’organisation de l’établissement de la maternelle au lycée est donc considérée comme un élément essentiel de la progression harmonieuse de l’élève et du traitement préventif de l’échec scolaire.
Le jardin d’enfants
Avant l’entrée dans le cycle primaire, un accueil périscolaire est possible.L’imitation et le jeu sont considérés comme les aspects les plus importants jusqu’à sept ans.L’enfant est donc sollicité avec des jeux, des contes, les rondes, les mouvements, les rythmes, les couleurs, les sons, ou le chant.Les éducateurs (jardiniers et jardinières d’enfants) s’efforcent d’équilibrer les moments de jeu libre et les activités dirigées, ainsi que d’associer les enfants aux tâches de la vie quotidienne, comme préparer les gouters ou ranger la pièce après le jeu. Coopération et sens de responsabilités sont ainsi sollicités.
Les classes primaires (premier cycle)
À l’âge de sept ans débutent les apprentissages proprement scolaires. La classe est prise en charge par le même professeur principal, pendant toute la durée du cycle primaire afin qu’une vraie relation de confiance et d’autorité puisse naître. Il assure l’enseignement principal, les deux premières heures de la matinée.D’autres professeurs, plus spécialisés, interviennent ensuite pour les langues étrangères, l’art, les activités manuelles et le sport.L’enfant rencontre les matières avant tout par l’activité, les notions abstraites sont introduites en douceur.
Le secondaire (deuxième cycle) > bac
Durant le deuxième cycle, l’adolescent a normalement développé un jugement autonome. La prédominance du caractère imagé de l’enseignement s’estompe pour encourager davantage sa conceptualisation abstraite. À partir de là, toutes les matières sont enseignées dans le but d’éveiller les élèves aux problèmes du monde moderne ainsi qu’à la responsabilité de l’homme en tant qu’acteur de ce monde.
L’enseignement est confié à une équipe de professeurs spécialistes de leur discipline, qui interviennent dans les différentes classes du collège et du lycée pour garantir la cohérence de l’accompagnement des élèves et leur progression.Dans une majorité d’écoles, la scolarité s’achève par la présentation d’un « chef-d’œuvre », réalisation individuelle menée tout au long de l’année sur un thème choisi par l’élève
Passerelles avec l’Éducation nationale
Les établissements Steiner-Waldorf sont complètement autonomes vis-à-vis de l’Éducation nationale, tant au niveau des programmes qu’au niveau de la pédagogie. Néanmoins, ils essayent de garder des paliers de convergence avec les programmes de l’Éducation nationale, de façon à permettre aux élèves qui le souhaitent de passer de l’un à l’autre établissement.
Contrairement au système traditionnel, il n’y a pas d’orientation précoce, en cours de scolarité. L’objectif est vraiment de développer aussi largement que possible les potentialités des élèves, qu’elles soient artistiques, manuelles, corporelles ou intellectuelles.Ainsi, tous les élèves, quelles que soient leurs capacités, poursuivent ensemble leur scolarité jusqu’à 17 ans.