La pédagogie Pikler-Lóczy
Fiche publiée dans "Pédagogies" le 21/06/2013
Développée à la fin des années 40, la méthode pédagogique Pikler-Lóczy a pour objectif de donner aux enfants un environnement équilibré qui garantit un développement physique et psychologique harmonieux. Cette méthode se distingue des autres pédagogies alternatives essentiellement par la définition du lien entre l’éducateur et l’enfant.
Pikler-Lóczy : une méthode , quatre principes
La pédagogie Pikler-Lóczy est née à Budapest, en Hongrie dans la pouponnière de la rue Lóczy qui accueillait des orphelins de la Seconde Guerre mondiale.
Développée par la directrice de l’établissement, la pédiatre Emmi Pikler, cette pédagogie repose sur quatre grands principes directeurs :
- Une « activité autonome ».
- La mise en place d’une « relation affective privilégiée » entre l’éducateur, la puéricultrice ou « nurse » et l’enfant.
- La « nécessité de favoriser chez l’enfant la prise de conscience de lui-même et de son environnement ».
- L’« Importance d’un bon état de santé ».
L’activité autonome de l’enfant
Au cœur de plusieurs pédagogies alternatives telles que Montessori, Freinet ou encore Steiner, l’autonomie de l’enfant est là encore un principe fondamental.
Dans cette pédagogie, les adultes essayent d’intervenir le moins possible dans les activités des enfants. Les éducateurs veillent à offrir aux enfants un environnement rassurant, sans dangers.
« Développer le goût pour l’activité autonome est essentiel pour que les enfants deviennent des adultes “créatifs et responsables” ».
DAVID. M, APPELL. G. — Lóczy ou le Maternage Insolite — . Paris, Éditions du Scarabée, 1973
Une présence de l’adulte particulière
La méthode Lóczy-Pikler accorde une place toute particulière à la relation, l’interactivité entre l’adulte et l’enfant.
Ici, l’objectif est de mettre en place « une relation réelle, mais consciemment contrôlée, dans laquelle l’adulte ne fait pas peser sur l’enfant sa propre affectivité et ses attentes personnelles. »
Deux « types » d’interactivités sont alors mis en place. « Distant » pendant les activités, les adultes assurent un suivi plus poussé et individualisé dans les soins.
« L’attention donnée pendant les soins est la garantie d’un niveau d’échange indispensable, mais suffisant pour que l’enfant ne sombre pas dans l’inaffectivité ni dans le syndrome d’insatisfaction affective ».
Favoriser chez l’enfant la conscience de lui-même et de son environnement
La méthode Lóczy-Pikler cherche à favoriser chez l’enfant la prise de conscience de lui-même.
L’enfant est ainsi mis au cœur de son propre projet éducatif. L’équipe éducative veille à respecter les rythmes de l’enfant et à stimuler sa participation lors des soins et du maternage.
De même, les éducateurs veillent à ce que l’environnement de l’enfant soit stable de façon à ce qu’il puisse en prendre peu à peu conscience. Les objets sont toujours remis à la même place et les adultes prennent le temps d’expliquer chaque objet, de montrer, de faire toucher. Ainsi, petit à petit, l’environnement devient familier et l’enfant commence à se repérer dans l’espace.
Un bon état de santé physique
Une dimension essentielle pour la pédagogie Lóczy-Pikler, qui est garantie par une approche et des soins individualisés. Chaque enfant bénéficie d’une prise en charge individualisée, que ça soit pour l’alimentation ou le rythme des activités.
D’une manière générale, les activités au grand air sont favorisées.
Applications dans les crèches et les écoles
Organisation des groupes
Pour parvenir à appliquer au mieux ces principes pédagogiques, plusieurs éléments pratiques sont mis en place :
Les enfants sont séparés en groupes en fonction de leur âge, chacun des groupes ne peut contenir que neuf enfants. Un groupe est confié à trois éducateurs. Chacun des éducateurs s’occupe de tout le groupe et de trois enfants en particulier.
Les enfants restent toujours avec les mêmes éducateurs, c’est-à-dire que quand les enfants changent de groupes, les éducateurs changent aussi avec eux.
Les soins
Le plaisir que prend l’enfant dans ces soins quotidiens est essentiel. « L’enfant est toujours considéré comme comprenant ».
Les gestes et réactions sont expliqués aux enfants, les objets utilisés pour les soins sont présentés. L’enfant participe également à ses propres soins, c’est le principe de « coopération active »
Les soins sont donnés dans un ordre qui ne change pas, ainsi, les enfants n’attendent pas puisqu’ils s’habituent à l’ordre imparti. Parmi les soins, il y a les bains, les changes, les repas et de temps en temps les examens médicaux.
Dans tous les cas, ce sont le calme du personnel éducatif et son manque d’empressement qui garantissent le bien-être des enfants.
Les activités et les relations sociales
L’espace et le matériel sont spécifiquement étudiés pour favoriser au mieux les activités des enfants et garantir sa sécurité. L’adulte n’intervient jamais directement dans le jeu ou dans l’activité (sauf en cas de dispute, de colère ou d’ennui), mais peut commenter oralement et à distance les efforts de l’enfant et ses progrès.
À partir d’un certain âge, les activités des enfants sont diversifiées et ouvertes sur l’extérieur de façon à développer très tôt les relations sociales. Les enfants font par exemple des activités avec d’autres adultes, avec le jardinier par exemple, le médecin, etc. Ces expériences sont très enrichissantes et permettent également de sortir momentanément de la vie en groupe.
Les parents sont tenus au courant de ce que fait l’enfant par des comptes-rendus détaillés.