Un CAP petite enfance amélioré pour les titulaires déjà en place
Actualité publiée dans "Professionnels" le 28/05/2013 - Mise à jour le 29/05/2013
Pointant du doigt de nombreuses inadaptations dans le fonctionnement actuel des crèches, et en amont de l’abrogation du décret Morano, la FFEC a présenté le 28 mai deux propositions d’évolutions. La première proposition concerne le CAP petite enfance et la requalification de ses titulaires en catégorie 1 via une formation continue.

À l’occasion d’une conférence de presse tenue ce mardi 28 mai au Conseil économique, social et environnemental, la fédération française des entreprises de crèches (FFEC) s’est adressée directement aux représentants du Ministère de la Famille, de la CNAF et du Haut Conseil de la Famille.
Un déséquilibre entre personnel qualifié et moins qualifié
Actuellement, en vertu du décret n° 2010-613 du 7 juin 2010 aussi appelé décret Morano, le personnel chargé de l’encadrement des enfants dans les établissements d’accueil des jeunes enfants (EAJE), doit être constitué :
- « Pour quarante pour cent au moins de l’effectif, des puéricultrices diplômées d’État, des éducateurs de jeunes enfants diplômés d’État, des auxiliaires de puériculture diplômés, des infirmiers diplômés d’État ou des psychomotriciens diplômés d’État ». Le personnel ainsi défini est dit de catégorie 1 ;
- « Pour soixante pour cent au plus de l’effectif, des titulaires ayant une qualification définie par arrêté du ministre chargé de la famille, qui doivent justifier d’une expérience ou bénéficier d’un accompagnement définis par le même arrêté », aussi appelé personnel de catégorie 2. Les titulaires d’un CAP petite enfance entrent dans cette catégorie.
Depuis son investiture en 2012, le gouvernement souhaite abroger ce décret et revenir ainsi à un « état d’équilibre qualitatif de 50 % de personnels diplômés de catégorie 1 et 50 % de personnels diplômés de catégorie 2 au sein des structures », comme le souligne la FFEC.
Une pénurie du personnel reconnu comme qualifié
Bien qu’applaudissant ce retour à l’équilibre, la FFEC craint une application difficile, du fait du large déséquilibre entre le nombre de personnels disponible en catégorie 1 et 2.
« Le secteur manque cruellement de diplômés de catégorie 1, notamment d’auxiliaires de puériculture. Les auxiliaires de puériculture travaillent principalement soit en milieu hospitalier (où la pénurie de personnels qualifiés est aussi très problématique) soit en crèches. Ce manque de personnels freine la création de nouveaux établissements voire entraîne des fermetures » constate la fédération.
Ainsi, de plus en plus de titulaires d’un CAP petite enfance se retrouvent sur le marché du travail, mais de par les règles en vigueur ne peuvent venir combler le vide enregistré pour la catégorie 1.
Une qualification pourtant acquise sur le terrain
Dans sa proposition, la FFEC souhaite pouvoir faire évoluer plus facilement le personnel de catégorie 2, vers la catégorie 1.
Il ne s’agit pas d’intégrer le CAP petite enfance dans la catégorie 1, mais de permettre à ses titulaires d’acquérir plus facilement les outils nécessaires pour prétendre à un poste en catégorie 1.
La fédération dresse deux constats :
- L’évolution professionnelle des titulaires du CAP petite enfance est très difficile. Les seules perspectives de carrières étant conditionnées à l’obtention d’un nouveau diplôme, via une nouvelle formation, trop souvent incompatible avec l’exercice d’une activité professionnelle en parallèle. En d’autres termes, ces titulaires déjà en place ne peuvent se permettre d’arrêter de travailler pour suivre une formation complémentaire.
- Sur le terrain, les compétences se développent, mais ne sont pas reconnues. Enregistrés par le répertoire national des certifications professionnelles (RNCP) comme étant tous les 2 de niveau V, le CAP petite enfance et le diplôme d’État d’auxiliaire de puériculture sont bien différents. Pourtant il apparait qu’après 3 années d’expérience, en moyenne, les titulaires du CAP développent des compétences très proches des auxiliaires de puériculture.
Vers un CAP petite enfance « bonifié » de catégorie 1
Suite à ces constats, la FFEC propose donc de valoriser ces compétences acquises sur le terrain par des « modules de formation complémentaires spécifiques et adaptés à l’accueil collectif du jeune enfant ». Ces modules appartenant initialement au diplôme d’Auxiliaire de puériculture.
En d’autres termes, il s’agirait de créer un niveau de reconnaissance supérieur du CAP petite enfance, différent de la profession d’auxiliaire de puériculture, mais appartenant également à la catégorie 1.
Intégrée pleinement dans la structure professionnelle du postulant, la formation continue serait prise en charge par les employeurs.
Une formation continue en 210 heures
Destiné aux titulaires de CAP justifiant d’une expérience suffisante, le module complémentaire se décline en deux parties :
- Une formation théorique de 105 heures, avec un maintien de l’activité professionnelle. Cette formation se diviserait en 3 unités ou socles :
- La psychologie de l’enfant : Développement global du jeune enfant en lien avec ses pratiques (moteur, affectif, sensoriel, cognitif).
- La sociologie : Élaborer collectivement ; s’approprier les diversités culturelles et familiales ; comprendre la participation des familles au sein des EAJE.
- La pédagogie : Gérer un collectif d’enfants et prendre en compte les individualités ; activité ludique ; développement de l’estime de soi et confiance en soi du tout-petit par l’activité motrice.
- Un stage de 3 semaines en continu dans un EAJE différent de la structure d’emploi (105 heures).
La FFEC propose également que soit attaché à cette formation, l’élaboration d’une documentation personnelle et professionnelle (non évaluée) à la suite du stage de trois semaines sous une forme créative en lien avec le terrain professionnel du postulant :
- Projet collectif (thématique famille, artistique, aménagement d’un espace…).
- Réalisation de document d’observation (vidéo, photo...) à transmettre à l’équipe du terrain professionnel.
- Projet d’échanges de pratiques sous l’angle formatif à l’équipe de travail.
Enfin, un système de tutorat pourrait être proposé. La FFEC indiquant vouloir « penser la place de l’éducateur de jeunes enfants dans la professionnalisation de son équipe, notamment comme tuteur professionnel de ce module complémentaire des CAP petite enfance ».
Des avantages pour tous
Pour la fédération française des entreprises de crèches (FFEC), les avantages de cette valorisation s’avèrent multiples.
Les postulants à la base peu diplômés pourront ainsi prétendre, via cette « promotion sociale », à une « rémunération supérieure et plus attractive » augmentant ainsi leur pouvoir d’achat.
Pour les établissements employeurs, ce dispositif a le mérite de « faciliter un retour à 50 %-50 % dans le cadre de l’abrogation du décret dit “Morano” ». De plus, « au regard des difficultés de recrutement de personnels qualifiés, cette mesure visera à maintenir la qualité de service et d’accueil, à déployer dans des conditions optimales le projet pédagogique, à rassurer aussi les parents sur la qualité des personnels s’occupant de leurs enfants », précise la fédération.
La FFEC énonce d’autres avantages pour l’État et les collectivités : « Le coût de la bonification pour l’État est nul puisque pris en charge par les employeurs (formation continue). Pour les gestionnaires (et donc la CNAF, les Collectivités et l’État), la pression salariale diminuera sur les équipements et entraînera un allègement du coût de fonctionnement des structures d’accueil ».