Suède : une crèche ne veut plus employer le "il" ou "elle"
Actualité publiée dans "International" le 22/03/2012
En Suède, à Stockholm, une crèche municipale a décidé de ne plus employer les pronoms « il » ou « elle ». En effet, le personnel éducatif devra utiliser un pronom neutre, le « hen », pour s'adresser aux enfants. Seulement cette nouvelle pédagogie ne fait pas l'unanimité en Suède

Une parité maximale pour les enfants d'une crèche suédoise
À l'origine de ce nouveau retournement, la publication de 2 livres en début d'année. L'un d'eux racontait une histoire d'amour entre deux « hen » et l'autre narrait les aventures d'un petit héros ou héroïne en pyjama rayé dont on ne connaitra jamais le sexe.
« Nous voulions écrire un livre où l'enfant est un enfant, pas seulement une fille ou un garçon » déclare la directrice de la maison d'édition, ajoutant que « l'utilisation du “il” ou “elle” s'accompagne de stéréotypes sur les compétences de chacun. “Hen” permet de s'en échapper ».
Tout dans l’école « Egalia » est pensé pour qu’aucune différenciation sexuelle ne soit faite par les enfants, de l’emplacement des jouets au choix des contes.
Une institutrice de l'école explique : « La société attend que les filles soient féminines, gentilles et jolies et que les garçons soient virils, forts et sociables ». La directrice de l'école raconte que dans son établissement, les enfants ne jouent pas avec des bonshommes de Lego, mais avec des « personnages ».
Elle continue en expliquant qu'il n'y a pas un côté pour les filles et un côté pour les garçons. « Ici on dit les enfants ou bien les copains. ». « Egalia » est la seule école de ce type ouverte en Suède et la liste d’attente pour y entrer semble s’allonger.
Une politique controversée
Cependant, cette pédagogie ne fait pas l'unanimité en Suède, que ce soit auprès des parents ou des spécialistes.
Pour Alsa Carlsson, blogueuse, « notre sexe dit certaines choses de notre identité, et c'est la raison pour laquelle c'est une information importante à donner, même si cette information seule, bien sûr, ne dit pas tout sur l'individu en question. »
Un psychologue, Philip Hwang, lui, évoque les risques que peut engendrer cette neutralité : « Cela peut devenir problématique pour un enfant très tôt conscient de son sexe. »
En effet, cette neutralité que les adultes utilisent montre « qu'ils ne voient aucune différence entre les filles et les garçons, ce qui n'est pas le cas de l'enfant. »
La philosophe et psychanalyste, Anne Dufourmantelle va même plus loin en déclarant que ce phénomène pourrait pousser à la violence. « Créer un pronom neutre a un air égalisateur, mais cet acte sociopolitique qui risque surtout de générer de la violence », indique-t-elle indique t-elle