Les Chinois indignés par un avortement forcé
Actualité publiée dans "International" le 19/06/2012
En Chine, la loi de l'enfant unique est un principe fondamental. C'est au nom de cette loi qu'une jeune femme a été contrainte d'interrompre sa grossesse au bout du septième mois.

Une politique de la famille unique assassine
La politique de l’enfant unique n’est pas une nouveauté, en effet, des centaines de milliers de Chinoises en sont victimes chaque année. La règle autorise les familles vivant à la campagne à avoir un second enfant quand le premier est une fille et a dépassé l’âge de cinq ans. Cette politique drastique de limitation des naissances a été mise en place à la fin des années 1970.
La jeune femme, Feng Jianmei avait déjà une fille de 6 ans et souhaitait avoir un fils. Les autorités lui ont reproché de ne pas posséder le bon permis de résidence, en effet cette femme de 23 ans est originaire de Mongolie intérieure.
Elle était donc dans l'obligation de payer 40 000 yuans, un peu moins de 5000 euros. Pour le couple, cette somme était exorbitante. « Ça représentait 4 ans de salaire, nous n'avions pas les moyens de payer », déclare le mari.
Le 30 mai dernier, le mari étant absent, des agents enlèvent la jeune femme, la frappent et la forcent à poser son empreinte digitale sur la demande d'avortement, malgré sa volonté de garder cet enfant.
Le 2 juin à 15 h 30, une piqûre vient provoquer l’interruption volontaire de grossesse. Le 14 juin 2012, l’administration provinciale a publié un communiqué reconnaissant l'exactitude des détails révélés et rappelant que l’avortement forcé était une violation grave des règlements.
« Il s'agit d'une violation sérieuse de la politique de la Commission de la population et du planning familial qui porte atteinte au travail de contrôle de la population et a provoqué un malaise dans la société », a déclaré le gouvernement provincial.
Une photo montrant la jeune femme sur son lit d'hôpital, son fœtus sanguinolent auprès d'elle, a entraîné de nombreux commentaires outrés des internautes chinois. Un responsable de la Commission nationale de la population et du planning familial a indiqué que cette affaire était jugée comme « sérieuse » et que l'enquête avait été ouverte au plus haut niveau.
Les responsables de l'avortement forcé ont même été comparés aux nazis ou aux féroces « diables japonais » de la guerre sino-japonaise. La pratique est pourtant commune et connue de tous les Chinois, même si les autorités se gardent d’en faire la publicité.
L’avocat aveugle Chen Guangcheng, qui s'est réfugié aux États-Unis le mois dernier, en a fait les frais pendant des années, après avoir dénoncé la stérilisation forcée de milliers de femmes dans sa province du Shandong.