La surdité sera automatiquement dépistée chez les nouveau-nés
Actualité publiée dans "Législation" le 22/05/2012
Le projet de loi avait été voté en 2010. Le dépistage néonatal de la surdité sera proposé systématiquement avant la sortie de la maternité. Cet examen est mis en œuvre par les Agences régionales de santé et est gratuit.

Un dépistage gratuit, systématique, mais dénoncé par les associations
80 % des surdités infantiles existent dès la naissance. Seule la moitié des nouveau-nés bénéficiaient jusqu’à présent de ce dépistage, selon l’Association française pour le dépistage et la prévention des handicaps de l’enfant (AFDPHE).
Ce dépistage sera proposé automatiquement à tous les parents, après la naissance de l’enfant. Il comprend un examen de repérage systématique des troubles de l’audition, réalisé dans la maternité. À défaut, un examen est pratiqué avant la fin du troisième mois, si le premier n’a pu avoir lieu ou s’il n’a pas permis d’apprécier les capacités auditives du nouveau-né.
En janvier 2007, la Haute autorité de santé (HAS) publiait déjà un avis concluant à l’opportunité de mettre en place « un dépistage systématique de la surdité permanente néonatale. » Cependant, en 2008, le Comité consultatif national d’éthique (CCNE) avait épousé cette conception, affirmant qu’un dépistage néonatal trop précoce risquait d’accroître les discriminations dont sont victimes les enfants sourds.
Néanmoins, en décembre 2010, le projet de loi avait été voté. Dans son décret du 23 avril dernier, publié le 4 mai, le ministère de la Santé a fait du dépistage précoce de la surdité permanente néonatale un « programme de santé publique ». C’est donc aux Agences régionales de Santé que revient désormais la charge de mettre en place ce dispositif. Il est donc gratuit pour les familles.
Plusieurs associations de sourds se sont élevées contre une telle prise de position. Ces dernières redoutent qu’une telle orientation entraîne la disparition de la langue des signes. Les personnes atteintes de surdité qui ne conçoivent pas leur surdité comme un handicap voyaient, dans ce dépistage, une atteinte à leur intégrité.
Pour les personnes favorables, ce dépistage permettrait une prise en charge anticipée du handicap. Le nouveau-né et sa famille développeront, avec l’aide de professionnels, un autre langage fondé sur les expressions du visage et sur les mouvements du corps. L’objectif étant de permettre à l’enfant de mieux s’adapter au monde extérieur et d’être plus apte à communiquer avec les autres.