Des médicaments pour enfant trop souvent surdosés
Actualité publiée dans "Santé et enfance" le 11/06/2012
Le numéro de juin de la revue Prescrire pointe du doigt les risques de surdosage et de conditionnement de certains médicaments qui ne sont pas adaptés à un usage pédiatrique.

Un appel à la vigilance des parents
La revue a analysé le conditionnement de plus de 5 000 spécialités pharmaceutiques depuis le début des années 1980. Un emballage mal conçu, une notice insuffisante, l'absence de bouchon de sécurité, autant de failles dans le conditionnement qui exposent encore trop souvent les enfants aux accidents.
« Le conditionnement est un élément fondamental de la balance bénéfice risque des médicaments, un déterminant important pour leur bon usage et pour prévenir les erreurs au moment de leur utilisation » explique la revue.
Par exemple, le paracétamol, très prescrit chez les enfants pour le traitement des douleurs ou de la fièvre, peut être à l'origine de surdoses toxiques, parfois mortelles, en cas d'ingestion accidentelle.
Les formes buvables de paracétamol sans bouchons de sécurité ainsi que des tubes de comprimés orodispersibles (qui se désagrège au contact de la salive) sans bouchons de sécurité exposent à des risques de mauvaises utilisations.
En effet, selon une étude d'un centre antipoison suisse, pour 203 cas d'ingestion accidentelle de paracétamol par des enfants, ces derniers ont ingéré deux fois plus de comprimés quand la forme était orodispersible.
La revue met également en cause les dispositifs doseurs des médicaments pour enfants, dont la grande majorité sont imprécis ou inadaptés. Il est alors parfois difficile de ne pas commettre d'erreurs de préparation.
Ce problème ne se limite pas seulement aux enfants. Les étiquetages peu lisibles ou les notices insuffisantes concernent aussi des médicaments destinés aux femmes enceintes ou aux enfants à naître. Selon les notices examinées par Prescrire en 2011, les anti-inflammatoires, notamment l'ibuprofène ou le diclofénac, ne sont contre-indiqués qu'à partir du 6e mois de grossesse. Or, des données relatives aux AINS sont en faveur d'un risque accru pour le foetus dès le premier trimestre.
La revue a alors adressé 20 propositions à l'Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) et espère ainsi améliorer la réglementation pédiatrique européenne et son application. La rédaction de Prescrire souhaite aussi interpeller les firmes pharmaceutiques afin qu’elles améliorent le conditionnement des médicaments.