Belgique : des places en crèches pour les bébés de détenues
Actualité publiée dans "International" le 11/06/2012
L'office de la naissance et de l'enfance (ONE) lance un projet expérimental. Désormais, quelques places en crèches sont réservées aux bébés dont les mamans sont incarcérées à Lantin en Belgique.

Un projet expérimental de l'ONE
Il est évidemment difficile pour un enfant de s'épanouir en prison, même si la prison de Lantin fait de réels efforts. En effet, la prison dispose d'une pièce nurserie, de cellules avec des lits d'enfants et d'une cuisine pour que les mamans puissent préparer les repas de leurs enfants. La porte de la cellule, fermée pendant la nuit, reste ouverte pendant la journée. La nurserie et le préau extérieur sont accessibles sans limitation aux enfants et aux mères.
À Lantin, les mères ne peuvent pas avoir de contacts avec les autres détenues, c’est une mesure de protection pour les enfants qui entraine un réel isolement des mères et empêche les solidarités. « Même si la prison prend un ensemble de mesures pour favoriser le séjour, ça reste un univers carcéral où l'enfant a peu de contacts avec les autres enfants, peu de contact avec l'extérieur » déclare Luc Bourguignon, conseiller pédagogique à l'ONE de Liège.
Le nourrisson qui vit en prison ne peut être considéré comme incarcéré et doit bénéficier de mesures particulières. L'ONE a donc décidé de lancer un projet expérimental avec, au terme, une évaluation. En effet, désormais 3 places sont réservées dans des milieux d'accueil pour des enfants de détenues.
C'est donc la crèche Saint-Raphaël de Rocourt, la Maison Communale d'Accueil de l'Enface de Juprelle et le service d'accueillantes conventionnées « La garderie des tout petits » qui ont été choisis. Ces établissements ont déjà une certaine expérience en la matière.
Louis Bourguignon estime que « la fréquentation d'un milieu d'accueil favorise la socialisation et permet de vivre dans des conditions qui sont parfois plus adaptées aux plus petits. ». L'enfant dort donc en prison et passe sa journée dans un de ces centres d'accueil, ce qui lui permet de découvrir un autre univers. La mère détenue ne peut pas aller le chercher, ce sont donc des puéricultrices ou des bénévoles qui assurent le transport et essaient ainsi de créer un lien entre la maman et la crèche.
« C'est important que les puéricultrices puissent mettre des mots et des images sur ce qu'est la crèche, car les parents ne peuvent pas se représenter le quotidien des enfants à la crèche », explique une infirmière sociale.
Une initiative qui serait aussi bénéfique pour la maman qui ne resterait plus 24 heures sur 24 avec son enfant. Elle éviterait donc ainsi l'isolement social, et pourrait renouer des contacts au sein de la prison.